Les Journées BIPOC - Créer Des Ponts Entre Nos Résistances

Photo prise par
Rose Napoléon
April 16, 2025

En octobre 2023, PARR a tenu deux journées BIPOC (Black, Indigenous and People Of Color), organisées par Maud Jean-Baptiste, avec une intention claire : offrir un espace non-mixte, sécuritaire et vivant pour les femmes et personnes non binaires autochtones, noires, et racisées engagé.e.s dans la recherche partenariale au Québec.

Pensées comme un prolongement naturel du forum et des journées Cohorte, ces journées — tenues les 5 et 10 octobre — avaient aussi leur propre raison d’être : créer des ponts entre les communautés noires et racisées et les communautés autochtones et apprendre des stratégies que celles-ci mettent en place depuis longtemps pour préserver leurs savoirs et leurs communautés. 

Chaque journée s’est ouverte par un panel de chercheur.e.s autochtones, animé par Jessica Quijano avec la participation de Amy Edward, Ella Martindale, Catherine Richardson, Amanda Shawayahamish et Wahéhshon Whitebean. Ces panélistes ont partagé leur expérience de la recherche « par, pour et avec » leurs communautés. Un moment fort, incarné, inspirant — rappelant que les approches communautaires ne datent pas d’hier, mais qu’elles sont souvent minimisées ou récupérées par d’autres sans reconnaissance. 

Certain.e.s ont évoqué la nécessité de créer des espaces de recherche ancrés dans les relations, la réciprocité, et le soin : 

« Si tu ouvres un espace de trauma, tu es aussi responsable de la sécurité de la personne. », une personne participante aux journées BIPOC
« Il fallait aussi partager les résultats de la recherche menée par PARR avec d’autres communautés BIPOC, et créer un espace pour entendre leurs stratégies. Parce que oui, il y a les stratégies individuelles. Oui, il y a les stratégies communautaires. Mais entre communautés, il y a aussi des ponts à construire. », travailleuse de PARR (épisode 1 - Podcast En Fleurs, Plus en Feu !

Ces panels ont été suivis d’ateliers collaboratifs, facilités par Adama Kaba, où les participant.e.s ont réfléchi à des stratégies concrètes de solidarité intercommunautaire. Comment bâtir des liens au-delà des appartenances communautaires ? Comment naviguer les différences et respecter les réalités de chacun.e ? Comment désapprendre les pratiques extractivistes et construire des relations fondées sur la confiance, la réflexivité individuelle et la responsabilité mutuelle ?

Ces rencontres ont fait émerger des résonances entre des vécus issus de trajectoires différentes.Plusieurs ont exprimé l’importance de construire dès le départ une recherche avec plutôt que pour. La nécessité de mettre en place des conditions qui reconnaissent les savoirs non dominants et de résister aux injonctions à représenter « toute » sa communauté a également été maintes fois soulignée.

Enfin, ces journées ont permis de partager les résultats de la recherche fondatrice de PARR avec des communautés qui n’avaient pas été impliquées dans les premières phases du projet. Mais toujours dans l’esprit PARR : loin d’une transmission descendante, un partage horizontal, où chaque voix, savoir et expertise compte, et chaque vécu trouve sa place.

Ce projet a été financé dans le cadre du Programme de promotion de la femme de Femmes et Égalité des genres Canada