La Recherche

Photo prise par
Noire Mouliom
16 avril 2025
Écrit par
Soraya Elbekkali
and translated by
Sunny Doyle

Le projet PARR est né, entre autres, d’une volonté simple mais ambitieuse : documenter ce que vivent les femmes et personnes non binaires noires et racisées dans les milieux de recherche partenariale au Québec, qu’ils soient militants, communautaires ou universitaires.

En 2022, une étude a donc été réalisée pour identifier les obstacles systémiques auxquels ces personnes sont confrontées, mais aussi les stratégies — individuelles et collectives — qu’iels mettent en place pour y faire face. 

Cette étude qualitative, menée avec brio, rigueur et bienveillance par Félicia Cá et Saaz Taher, a révélé d’importants constats. D’abord, un racisme systémique persistant, souvent banalisé, qui mine la légitimité, l’avancement professionnel et le bien-être des femmes et personnes non binaires noires et racisées dans ce milieu. Ensuite, des structures inadaptées et des mécanismes discriminants — comme des comités d’éthique déconnectés, des collaborations inégales, une précarité financière, une surcharge émotionnelle, des pratiques extractivistes pour ne nommer que celles-là — qui rendent la participation aux projets de recherche difficile, voire nocive et très coûteuse pour les personnes et communautés concernées .

Au-delà de ces constats, cette recherche visait à imaginer d’autres manières de produire et de partager les savoirs, à partir des réalités des personnes noires et racisées évoluant dans ce milieu. Elle proposait de créer des espaces de solidarité, de collaboration et d’empowerment, pensés par et pour celles qui vivent ces exclusions et leurs innombrables conséquences.

Le calendrier d’activités de PARR, alors encore un projet au sein de Relais-femmes, a été conçu en réponse aux besoins exprimés par les participantes à la recherche.

Des formations, de l’accompagnement, des ateliers, un jeu de cartes interactif et un balado ont ainsi été créés pour documenter et partager les savoirs, expertises et témoignages recueillis.

Comme le déplorait avec lucidité et déception une participante en parlant de précédentes expériences : « On participe à un projet, puis après ça on n’en entend plus jamais parler. »

Avec PARR, c’est l’inverse qui s’est produit. En plus des legs matériels et plus tangibles cités ci-haut, des activités axées sur l’envie et le besoin d’être ensemble comme le forum, les journées BIPOC, les journées Cohorte ont été organisées. Autant d’occasions pour les personnes impliquées dans les entrevues, les groupes de discussion et/ou le comité consultatif de se revoir tout au long du processus et de tisser entre elles des liens de solidarité. Une forme de réponse concrète, vivante, engagée.

Tout ceci a donc permis de tracer la direction de ce qui allait devenir, en 2024, l’organisme PARR.

No items found.

Certains extraits sont inspirés de témoignages issus du rapport PARR ou du jeu de cartes réflexives. Ils ont été adaptés et anonymisés pour des fins de vulgarisation.

Cá, Félicia et Saaz Taher. (2024). Femmes et personnes non binaires noires et racisées impliquées en recherche partenariale au Québec : entre obstacles structurels et stratégies de résistance. Rapport de recherche. Montréal : Projet PARR, Relais- femmes.

Promotion des actrices racisées en recherche (PARR). (2024). Floraison de stratégies - Cultive ton épanouissement en recherche partenariale (Jeu de cartes réflexives - version française). Outil de sensibilisation et d'auto-réflexion issu des témoignages et pistes de transformation partagées dans le cadre du projet PARR.

La définition de l'injustice épistémique est tirée du rapport PARR qui cite Godrie, B., Desrosières, É., & al. (2020). Les injustices épistémiques : vers une reconnaissance des savoirs marginalisés.

Ce projet a été financé dans le cadre du Programme de promotion de la femme de Femmes et Égalité des genres
Relais-femmes