La Retraite Communautaire : Se Reposer Ensemble

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April 16, 2025

Après les rencontres, les ateliers, les stratégies, le partage, il y avait besoin d’autre chose. D’un espace pour souffler. Pour se retrouver sans rien prouver. Pour se poser, tout simplement.

C’est dans cet esprit qu’a eu lieu, en mars 2024, la première retraite communautaire organisée par Ornella Tannous et Maud Jean-Baptiste du projet PARR. Trois jours loin des écrans, loin des échéances, loin des injonctions. Un temps hors du temps, imaginé par et pour les femmes et personnes non binaires noires et racisées engagées dans la recherche partenariale.

Cette retraite répondait à un besoin souvent nommé, rarement écouté : celui de pouvoir exister en dehors de la performance. Un besoin criant exprimé dès les premiers moments du projet PARR — dans les groupes de discussion, les comités, les témoignages du forum. On y parlait des violences, des rapports de pouvoir, de l’extractivisme dans la recherche. Mais très vite, une autre nécessité s’est imposée : co-construire des espaces de savoir, oui — mais aussi des espaces de soin.

Parce que dans les milieux académiques comme communautaires, l’épuisement est structurel. Il y a la pression de publier, la nécessité de justifier son existence, le poids de la représentation. À cela s’ajoutent souvent les micro-agressions, l’isolement, l’obligation de toujours être fort.e ou exemplaire. Plusieurs personnes l’ont exprimé lors des journées BIPOC : si on ouvre des espaces où des traumas sont partagés, on a aussi la responsabilité de penser à la suite, à la réparation, au réconfort.

On ne voulait pas d’un autre espace de travail. On voulait un espace pour être.

Durant ces trois jours, pas de programme chargé, pas d’objectifs à atteindre. Juste le temps de se déposer, de prendre soin les un.e.s des autres, de créer des souvenirs communs. Cette retraite, c’était une forme de résistance en soi. Un acte de soin collectif. Une façon de dire : nos corps comptent, notre santé compte, nos liens comptent.

Et c’était aussi un geste politique. Parce que dans un monde qui nous pousse à l'hyper productivité, prendre le temps de se reposer ensemble, de créer une communauté en dehors des institutions, c’est résister. C’est cultiver notre autonomie, notre joie, notre résilience. C’est affirmer que l’on ne peut pas réparer le monde seul.e. Comme l’affirme l’organisatrice communautaire et écrivaine Mariame Kaba : tout ce qui vaut la peine se fait avec les autres.

Ce projet a été financé dans le cadre du Programme de promotion de la femme de Femmes et Égalité des genres Canada